L’année 2017 dans le rétroviseur du Club MOA

La fin de l’année 2017 approchant, le Club est à l’heure du bilan et des remerciements !

S’agissant du bilan tout d’abord, la liste ci-dessous, qui précise les thématiques abordées, témoigne de la densité des activités du Club :

  • numérique et transformation du groupe La Poste
  • la transition numérique du monde du bâtiment avec le développement du BIM (Building Information Modeling)
  • la fusion des systèmes d’information du groupe Action Logement
  • retour d’expérience sur les travaux en datasciences menés à la Banque de France
  • l’accélérateur de projets hardware Usine.io
  • nouveaux paradigmes et nouvelles approches pour aborder l’innovation avec l’UNSECO
  • améliorer l’efficience de la fonction support systèmes d’information et développement numérique dans une grande organisation, les pistes de la Caisse des dépôts et consignation
  • développer sa vision stratégique en composant avec le futur du numérique, Conseil national du numérique
  • démystifions l’informatique quantique, Bull-Atos
  • le RGPD, enjeux et solutions pour bien appréhender l’arrivée prochaine de ce nouveau règlement sur la bonne gestion des données personnelles, (@natchiche)

Nous tenons à remercier chaleureusement tous les intervenants qui ont bien voulu s’associer à nos travaux au cours de l’année 2017 : Sonia SCHARFMAN, Didier BALAGUER, Vincent BARUE, Loïc LAVOUE, Farid OUKACI, Gary CYGE, Riel MILLER, Marie-Laure MICOUD, Amal TALEB, Pierre BARNABE, Nathalie CHICHE.

Grâce à leur intervention, les membres du Club et participants invités ont pu joindre l’utile à l’agréable au cours de nos dîners/débats et de l’atelier organisé dans le cadre de notre journée d’étude annuelle.

Retrouvez des comptes-rendus sommaires de nos rencontres dans les articles publiés sur notre blog.

À ses adhérents, mais aussi à ses amis et lecteurs, toute l’équipe du conseil d’administration du Club souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année !

 

Le Club remercie également chaleureusement Philippe Elie Kassabi et Michel Diament de l’équipe « En haut de l’affiche » pour leur précieux accompagnement en tant que facilitateur graphique.

L'informatique quantique discutée au Club MOA

L'informatique quantique discutée au Club MOA




Ordinateur quantique – Course à la suprématie quantique

Le 6 novembre 2017, le Club MOA a donné la parole à Pierre BARNABE, Directeur général de la division Big Data et Sécurité d’ATOS. Il dirige les équipes d’ATOS qui ont développé récemment un simulateur quantique associé à un langage de programmation universel « ATOS Quantum Learning Machine ».

Depuis le début des années 80, le développement des ordinateurs à base de « Qbits » (au lieu du « bit » traditionnel) s’accélère.

Les machines offrent des capacités de calcul inédites. Au fur et à mesure de leur développement, elles devraient constituer la base de technologies futures.

Comment évolue la recherche en ce domaine ? Comment fonctionne un ordinateur quantique ? Quels exemples d’usage de ces supercalculateurs peut-on imaginer ?

Pierre Barnabé a partagé avec les membres du club son expérience et sa vision prospective de ce sujet.

 

Propos liminaire

ATOS premier Groupe européen dans son domaine d’activité fabrique des supercalculateurs. Il y a peu d’entreprises dans le monde capables de réaliser de telles machines : IBM, CRAY, HP/SGI, Fujitsu ; ATOS-BULL, Huwei.

Atos-QLMATOS-BULL est le seul constructeur européen. Il travaille sur la mise au point de machines exaflopiques : 1 milliard de milliards d’opérations en virgule flottante par seconde avec l’objectif de les mettre à disposition vers 2022. Ces puissances deviennent nécessaires pour traiter le volume de données générées, qui ne cessent d’augmenter (en 2020 on prévoit une création de 44 x 1021 données).

En face de ces besoins on observe la fin de la loi de Moore (dans une dizaine d’années, environ) car la finesse de gravure sur des substrats de silicium ne pourra pas descendre en dessous de 5 nanomètres (10-9 m) car au-delà les électrons passeront d’un circuit à un autre de façon désordonnée.

Il faut donc trouver d’autres solutions pour résoudre ce problème de puissance de calcul nécessaire pour traiter ces volumes de données.

Introduction à la physique quantique

La genèse se situe aux 18e et 19e siècles. Le socle de départ est la physique des particules. Chaque particule est associée à une longueur d’onde. Lorsqu’elle se déplace les particules subissent des phénomènes d’onde produits par la particule elle-même.

Chaque particule qui se déplace établit une signature d’onde qui change en permanence. C’est ce qu’on appelle la physique ondulatoire : l’étude des ondulations générées par chacune des particules. Les particules n’ont pas de trajectoire prédéfinie, elles semblent avoir une vie propre.

[…]

 

Modèle standard : Les Qbits

La superposition quantique est utilisée pour faire un calcul. Aujourd’hui dans la technologie silicium, les positions sont déterministes : 0 ou 1. L’information est une association de 0 et de 1.

Le fait qu’une particule puisse avoir n états donne à la particule la possibilité d’avoir un état particulier entre 0 et 1 au moment où on l’observe. Donc elle multiplie par n le nombre d’états possibles, au moment de son observation.

Au lieu d’avoir une information qui soit 0 ou 1, on dispose d’une information qui est 0 ou 1 à la fois, soit 2 états. Avec n particules intriquées on a donc 2n états superposables. Ceci permet d’avoir un éventail informationnel très important.

L’autre élément, l’intrication, permet d’avoir autant d’états que de particules intriquées.

[…]

 

Etat de l’art côté physique

Pierre Barnabé a passé en revue les différentes approches physiques pour mettre en œuvre ces théories quantiques.

Il a successivement commenté :

  • L’ordinateur quantique à l’état liquide
  • L’ordinateur quantique optique
  • L’ordinateur à points quantiques
  • L’ordinateur quantique silicium
  • L’ordinateur quantique supraconducteur
  • L’ordinateur quantique diamant
  • L’ordinateur quantique adiabatique
  • L’ordinateur quantique à ions piégés
  • L’ordinateur quantique topologique

Sur ce marché on croise IBM, Google, Microsoft et D-Wave, chacun avec une option d’ordinateur physique différente.

Le plus répandu aujourd’hui, théorisé par Daniel Estéve est l’ordinateur quantique supraconducteur. Les températures de fonctionnement voisinent le quasi zéro absolu, soit quelques milli degré Kelvin, soit -273,149°C. Cette technique reste une technique de laboratoire qui demande un environnement très lourd et très couteux. Par contre elle permet de mettre en œuvre un nombre plus important de Qbits et d’une durée qui permet une bonne observation. (Google prétend avoir travaillé avec 50 Qbits…)

Avec un ordinateur quantique adiabatique une société canadienne, D-Wave, aurait mis en œuvre un système avec plusieurs centaines de Qbits (mais aucune certitude sur cet exploit…).

Un ordinateur quantique à ions piégés a été expérimenté à Innsbruck. Avantage : un fonctionnement à température ambiante et utilisation de lasers moyennement complexes (annoncé : 14 Qbits manipulables individuellement).

 

Position d’ATOS sur le sujet

Sur la partie physique il y a beaucoup trop d’options, les contraintes techniques et économiques sont très importantes. Selon ATOS l’avenir est probablement un ordinateur hybride disposant d’une unité de calculs quantiques et d’une structure classique.

Ceci ne se produira pas avant une dizaine, voire une quinzaine d’années.

ATOS a donc décidé de ne pas investir dans le hardware. ATOS a créé une « Quantum Learning Machine » (QLM) basée sur des nœuds de supercalculateurs et qui a pour vocation d’émuler et de simuler le calcul quantique.

L’idée générale est la suivante : lorsque les ordinateurs quantiques sortiront des laboratoires pour investir le monde industriel et commercial il sera nécessaire que les ingénieurs, les techniciens sachent les programmer en tenant compte de leurs spécificités.

A dessein, la QLM permet de former les scientifiques et facilite les recherches théoriques et pratiques en matière de logiciel s’appliquant aux ordinateurs quantiques. Bien sûr il n’y a pas l’accélération d’une vraie machine quantique, bien que la machine soit très rapide. Cette machine dispose d’un langage hybride qui permet de traduire le quantique en binaire et inversement. Ce langage est une création d’ATOS et c’est une première mondiale. L’ensemble a été annoncé le 4 juillet 2017. Cette machine a été commandée dans plusieurs grands centres de recherche.

La machine est dans une technologie « normale » c’est l’équivalent d’un « petit » supercalculateur.

Pour mener à bien ce projet ATOS s’est entouré de scientifiques de renom:

  • Serge Haroche (Nobel 2012)
  • Cédric Villani (Fields 2010)
  • Alain Aspect
  • David DiVincenzo
  • Artur Ekert
  • Daniel Estève

Conséquences de la vitesse des machines quantiques

Pour conclure cette passionnante soirée Pierre Barnabé a répondu à de nombreuses questions, notamment sur des questions relatives à la cryptographie (cassage des codes tel que le RSA) et à la sécurité des données. En effet, la puissance de calcul sera telle que tous les processus de sécurisation, tel que la Blockchain, devront être revu en profondeur…

L'informatique quantique discutée au Club MOA

L'informatique quantique discutée au Club MOA

Avant de se quitter, les membres ont pu échanger sur la base des illustrations toujours très pertinentes de nos facilitateurs graphiques de la société « En haut de l’affiche ».


NB: Le compte-rendu intégral est réservé aux adhérents




Comment assurer le déploiement d’une vision stratégique du numérique dans l’action publique

Le 9 octobre 2017, le Club MOA a donné la parole à Amal TALEB, vice-présidente du conseil national du numérique jusqu’au 4 octobre 2017 avec Guy MAMOU MANI. La présidence était assurée jusqu’à récemment par Mounir MAHJOUBI, qui avait lui-même succédé à plusieurs personnalités comme Gilles BABINET.

Avocate de formation, Amal TALEB est spécialisée en droit de la concurrence et en droit de la protection des données personnelles. Après avoir été juriste pour l’association de consommateurs UFC Que Choisir, elle est, depuis Octobre 2016, en charge des affaires publiques de la société européenne SAP.

 

1. Le Conseil Nationale du Numérique (CNNum)

Le Conseil national du numérique est une commission consultative indépendante, dont les missions ont été redéfinies et étendues par un décret du Président de la République du 13 décembre 2012.

Logo conseil national du numérique

Le Conseil national du numérique a pour mission de formuler de manière indépendante et de rendre publics des avis et des recommandations sur toute question relative à l’impact du numérique sur la société et sur l’économie. À cette fin, il organise des concertations régulières, au niveau national et territorial, avec les élus, la société civile et le monde économique. Il peut être consulté par le Gouvernement sur tout projet de disposition législative ou réglementaire dans le domaine du numérique.

Il est composé de 30 membres, à parité, 15 hommes et 15 femmes d’excellent niveau et d’origine diverses (start-uper, chef d’entreprise, chercheur,…) qui conduisent la transition numérique au sein de leur organisation et contribuent aux travaux du CNNUm à titre bénévole.

Au cours des deux dernières années, le CNNum a essentiellement travaillé sur une vision stratégique du numérique et non sur une vision opérationnelle.

Le CNNum a plusieurs modalités d’action.

  • La saisine.

Un sujet interpelle un ministre, un membre du gouvernement. Ce sujet est confié aux trente membres pour mener une réflexion dans le cadre d’une politique publique.

Exemples :

Transformation numérique de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ce sujet a conduit à la mise en œuvre d’un référentiel numérique pour aider les universités à se transformer tout en préservant leur autonomie.

La croissance connectée des PME. LeCNNum a produit un certain nombre de préconisations sur ce sujet.

Note : Les PME française sont très en retard en matière de mise en œuvre de technologie numérique.

  • L’auto-saisine

LeCNNum considère qu’un sujet doit être traité ou abordé autrement, Il étudie la question et prend [souvent] une position forte, orthogonale avec la position du gouvernement. Exemple : la refonte du fichier TES.

  • Réflexion sur des sujets au long cours.

Exemple : la blockchain, l’intelligence artificielle

 

2. Pistes pour commencer à avoir une vision stratégique du numérique

La « gêne » concernant l’absence de stratégie sur le numérique, devrait être affaiblie par les dernières annonces du gouvernement concernant ce sujet (annonces du 27 septembre 2017 concernant les développements autour du numérique en France, un plan d’investissements de 5 milliards d’euros pour la transformation numérique de la santé et 4 milliards pour la transformation numérique de l’administration soit 9 milliards sur 5 ans)

2.1. Nécessité de sortir des silos

Jeu de go
Jeu de go

Le numérique a cette capacité d’isoler les individus dans leurs compétences et peut faire obstacle à la communication des savoirs et des connaissances. L’érudition des techniciens et des ingénieurs sur leurs domaines de compétences est un domaine de pouvoir par rapport aux autres personnes.

Le silo intellectuel est le pire ennemi d’une vision stratégique, publique ou privée, car cette dernière doit être une vision à 360 degrés qui doit porter le plus loin possible.

Intervient également la « porosité » des individus et des preneurs de décisions face à ces connaissances multiples et contradictoires. C’est le problème des patrons de PME qui ne connaissent pas le numérique car ils n’ont pas le temps de se former ou de s’informer. Pour ces patrons le discours sur le numérique n’est pas « audible »

Pour certains grands groupes la problématique est la même. Où se situe l’acteur qui porte l’innovation ? Comment est-il entendu, trouve-t-il des interlocuteurs réceptifs pour réfléchir sur l’impact de ces nouvelles technologies ? Ces Groupes ont-ils les compétences en interne pour assurer cette transformation ? Ont-elles les bons relais pour assurer cette vision stratégique du Groupe ? Certains groupes ont réussi ce virage à 180 degré, par exemple le Groupe La Poste.

Il faut être conscient que la numérisation accélère la chute des « business models » du passé. Cette réflexion s’applique également au domaine publique avec cette rigidité nominale supplémentaire : celle de la carrière : schématiquement on ne passe pas au service d’à côté avec des compétences radicalement différentes. En conséquence il y a peu de fluidité des savoirs. Il faut une volonté forte pour poser les bases de ce qui pourrait ressembler à une réforme du travail.

En résumé le premier blocage est cette inertie forte manifestée par la difficulté de l’individu à sortir de son environnement

2.2. L’incapacité à expérimenter

Pour tenter quelque chose il faut retrouver une forme d’enfance intérieure, se poser la question « Et si… ».Question difficile à poser dans un environnement ultra compétitif ou ultra valorisant qu’est le monde du travail. L’idée générale est de faire un essai (un petit jeu) sur un sujet aux faibles enjeux, en utilisant une nouvelle technologie pour mieux la comprendre.
Exemple de la Blockchain qui permet de faire des expérimentations sur de petits périmètres et à très faible coût.
Lors du débat, le thème de la difficulté de la généralisation et de l’appropriation, par les personnes, d’une expérimentation des nouvelles techniques a été abordé par Amal TALEB et les participants à la soirée, avec une intervention de Michèle THONNET.

2.3. Le numérique vu comme un simple outil

En raison des inerties propres aux individus, de la « peur » que provoque chez nous le numérique et de notre incapacité à réaliser de petites expérimentations on ne peut pas aborder le numérique autrement que comme un simple outil. C’est uniquement quand on expérimente un outil que l’on entrevoit ses potentialités et que la réflexion constructive peut démarrer.

2.4. Le manque de compétences

Un rapport (en date de 2014) de la commission européenne sur les compétences numériques indique qu’il manquera en France en 2020, 87 000 postes de personnes ayant cette compétence, et 900 000 pour l’union européenne. Il y a un vrai problème en France : l’inadéquation des besoins et la formation.

Amal TALEB cite cette statistique de l’OCDE sur les NEET : dans la classe d’âge 16-19 ans, 6% des jeunes filles et 8% des jeunes garçons ne sont ni à l’école, ni en formation ni au travail. Pour la classe d’âge 20-25 ces taux montent respectivement à 21% et 25%. Ceci dit clairement que 1/5 des forces vives de la nation ne sont ni en formation, ni en entreprise et rencontrent donc de grandes difficultés pour s’insérer dans la société et pouvoir bénéficier de cette évolution numérique.

On constate également qu’il y a de moins en moins de filles dans les filières scientifiques. Sur ce sujet Lionel PLOQUIN est intervenu en montrant le paradoxe actuel entre l’offre pléthorique gratuite et en ligne (Les MOOC – il y a des exemples de personnes qui se sont formées ainsi atteignant l’équivalent du niveau du doctorat) et le déficit de personnes formées. Pourquoi avons-nous alors ce problème ?

Il y a d’une part un décalage du centre de gravité des matières (physique, mathématiques biologie) et d’autre part un problème culturel lié au diplôme. Les français, revendiquent en permanence, dans leurs relations professionnelles, le titre et le diplôme. Inconsciemment ou consciemment on associe le poids du savoir à l’établissement qui nous a enseigné ce savoir, alors que le savoir est une valeur en soi.

Sur ce sujet les participants ont largement contribué au débat qui s’est instauré naturellement

2.5. Le cas des données personnelles

En Europe nous avons une identité numérique à revendiquer. Elle est évidente mais nous n’arrivons pas encore à la mettre en œuvre dans nos outils numériques. L’Europe voit les individus comme des sujets qui disposent de droits dont le premier est la vie privée, c’est-à-dire qui bénéficient à la fois de la singularité et de l’anonymat. Cette disposition n’est absolument pas actée ailleurs, sur la planète, notamment en Chine.

En Europe et particulièrement en France, le droit à une vie privée (et sa protection) correspond à une liberté fondamentale. Cette disposition irrigue l’intégralité du droit français, et en particulier le droit constitutionnel.

A contrario, par exemple, la notion de vie privée en droit américain est un « puzzle ». Elle dépend à la fois du droit fédéral, du droit de l’état dans lequel on se trouve et du champ sectoriel dans lequel on considère la problématique. En conséquence, juridiquement parlant, la vie privée reste secondaire. Une autre différence avec l’Europe est qu’elle est vue exclusivement sous l’angle de l’intrusion des pouvoirs publics dans la vie privée. Ceci n’est pas vrai en ce qui concerne les acteurs du privé ou cette notion d’intrusion est très faible.

En droit français les différentes directives et notamment la mise en place prochaine du RGPD s’appliquera indifféremment aux acteurs publiques et aux acteurs privés. Ces nouveautés devront s’incorporer à notre fonctionnement social, politique et économique.

 

3 Conclusion

AmalTALEB a abordé la conclusion de son exposé sur ce thème : il nous faut réfléchir et refonder un « corpus ». De la même manière que l’on a pensé la guerre (Clausewitz), la paix, la défense des places fortes (Vauban), il nous faut résolument réfléchir à ce que la transition numérique nous apporte et sortir des mythes pour créer un véritable « numérique européen ».

Au départ, c’est une classification négative qui comprend les personnes âgées entre 15 et 29 ans et qui sont sorties du système scolaire.

Elle désigne maintenant des individus introvertis, souvent des hommes, qui ne sont pas insérés dans le système éducatif et qui sont coupés de toute vie sociale ou renfermés sur eux-mêmes.

La soirée s’est terminée par quelques réflexions du Président Jean-Yves LIGNIER, à propos de la confiance que l’on peut avoir dans ces nouveaux systèmes et sur cette interrogation ultime : la transition numérique peut-elle apporter un plus au bonheur des personnes ? peut-elle être au service d’une société meilleure et non pas asservir l’homme ?

 

4. Digital squads

Au cours du débat, Amal TALEB a indiqué une des retombées du sommet de Tallinn qui a eu lieu le 29 septembre 2017 : la création des European Digital Squads.

En marge du sommet numérique européen de Tallinn, en Estonie, qui a rassemblé les dirigeants européens autour des dossiers liés au numérique, des organismes consultatifs nationaux se sont réunis pour lancer une initiative commune : les « European digital squads », Brigades numériques européennes.

L’idée fondatrice est : fluidifier les discussions entre les institutions européennes et les écosystèmes numériques propres à chaque pays. Plutôt que d’attendre que chaque environnement national fasse remonter des problématiques aux gouvernements afin que ces derniers en discutent ensuite entre eux, chaque digital squad aura pour mission de mutualiser les réflexions en amont et se mettre d’accord sur des positions à défendre à l’échelle européenne.

C’est ainsi que se retrouvent associés des entités indépendantes aussi diverses que le Foresight Center estonien, le National Board of Trade suédois, l’Internet Economy Foundation et le think tank iRights.Lab allemand, aux côtés du français CNNum, le Conseil national du numérique.

« Le marché unique numérique est un beau challenge fixé par l’Union européenne. Mais nous devons aller plus loin encore et anticiper le prochain défi. Faire des ponts entre les institutions européennes et les acteurs locaux qui ont une bonne connaissance de terrain, est la clé« , estime Marie Ekeland du Conseil national du numérique, depuis Tallinn. (source: France 24)

Quelques sujets de réflexion déjà en œuvre ont été évoqués par Amal TALEB.


NB: Le compte-rendu intégral est réservé aux adhérents




Schéma directeur du système d’informations des fonctions support

Le 11 septembre 2017, le Club MOA a donné la parole à l’un de ses membres. C’est Marie Laure MICOUD, Responsable du département pilotage et support de la DSI de la Caisse des dépôts qui a traité le sujet suivant : Définition du Schéma Directeur du système d’informations des fonctions support.

 

1 Introduction

Le projet de structuration d’un schéma directeur des SI des fonctions support de la filière SI doit proposer une trajectoire de développement des systèmes d’information pour les années 2018 a 2022 sous une contrainte de planning très serré (juin à septembre 2017).

Les objectifs de ce schéma directeur sont de transformer les SI des fonctions support en une plateforme de services orientée-clients, communs au Secrétariat Général du Groupe, aux directions RH, Communication, aux fins de densification de la CDC.

Ces objectifs doivent également emporter dans la même démarche l’évaluation de l’intérêt de la mutualisation des « SI fonctions-support » entre les établissements ICDC et la DSI faisant suite à l’organisation du pilotage unique de la filière SI en matière opérationnelle et budgétaire.

Le département de Marie Laure MICOUD a été créé en 2016. Il est en charge des fonctions de pilotage de l’établissement public et des fonctions du GIE ICDC (ICDC = Informatique CDC).

Le schéma directeur a été décidé suite au dépassement des crédits limitatifs. Il était prévu un budget de xxx millions d’euros révisé à yyy millions. L’objectif global est donc de diminuer le coût des fonctions support pour redistribuer les ressources financières sur les métiers.

 

2 Le Groupe CDC

Logo groupe Caisse des dépôts

La Caisse des dépôts et consignations (créée en 1816) et ses filiales constituent un groupe public au service de l’intérêt général et du développement économique du pays. Ce groupe remplit des missions d’intérêt général en appui des politiques publiques conduites par l’Etat et les collectivités territoriales. Il peut exercer des activités concurrentielles.

Le Groupe est un important contributeur au budget de l’Etat auquel il a versé 1,6 Milliards d’euros au titre des résultats de l’année 2016.

Il est sous la surveillance et la garantie de l’autorité législative.

Le Groupe CDC emploie 6 000 personnes dont 700 au sein du GIE ICDC, en charge de l’informatique opérationnelle du Groupe.

Le GIE informatique du Groupe CDC, ICDC (Informatique CDC) comporte trois établissements : les « Études » (DEI), la « Production » (DPI) [qui travaillent pour la Caisse des Dépôts et pour les autres membres], ainsi que la « Direction Générale » (DG) qui porte les directions fonctionnelles et support et la direction générale du GIE.

 

3 Le Prestataire

M.L. MICOUD a choisi la société xxx. Cette société est spécialisée dans la transformation numérique. Elle met à la disposition de ses clients une expertise dans la construction et la réalisation des schémas directeurs.

 

4 Création de la DSI de l’établissement public (EP)

La DSI du Groupe CDC a été créée au 1er Janvier 2015 avec les objectifs suivants :
1. Rénover le dialogue entre la maîtrise d’ouvrage et les métiers
2. Renforcer la capacité de la filière SI à répondre aux attentes des métiers
3. Favoriser l’urbanisation des SI
4. Mieux maîtriser les risques et les coûts
5. Simplifier les processus décisionnels et la gouvernance
6. AméliorerlagestiondescarrièresdelafonctionSI

En suivants 3 principes clefs.
1. Unitédecommandement
2. Réaffirmationdurôled’ICDCdemaîtred’œuvrederéférence
3. Uneconduitedechangementaxéesurlacoopérationentreacteurs

Pour le GIE ICDC, les bénéfices attendus de la création de la DSI, sont les suivants :

  • Des objectifs partagés pour la mise en œuvre du schéma directeur des SI et du PPO (Programme de Performance Opérationnelle).
  • Dans une organisation structurée de la DSI, le rôle du maître d’œuvre informatique de référence est réaffirmé par le DSI, président d’ICDC depuis fin juin 2015.
  • Clarification des relations DEI/DPI avec la DSI.
  • Optimisation de la gouvernance :
    • Dans le cadre de projets multi-métiers, DEI se retrouve parfois en situation de porter l’alignement des métiers. Dans le cadre de la mise en œuvre de l’organisation de la DSI par domaine, l’alignement, la coordination et la mise d’accord des métiers sera portée par la DSI.
  • Amélioration de l’efficacité de la fonction SI reposant sur une relation de confiance entre le DSI et le DG d’ICDC :
    • Le changement d’état d’esprit porté par la création de la DSI est de nature à créer un climat de confiance et de coopération entre MOA et MOE. Ce climat de confiance permettra de limiter les conflits d’expertise.
    • L’amélioration de la compréhension mutuelle des contraintes et difficultés du métier MOA et du métier MOE permettra aussi l’identification de solutions transverses à la fonction SI.
  • Amélioration de l’efficacité et consolidation du pilotage économique :
    • Actuellement, le pilotage économique fait intervenir plusieurs acteurs la DPSI (Direction des Processus et des Systèmes d’Information), les MOA / métiers, DEI et DPI, le contrôle de gestion ICDC. Ce fonctionnement est matérialisé par des « reportings » multiples dont la mise en cohérence est très souvent source de tensions. La DSI permettra une simplification des modes de « reporting » et une meilleure prévision de l’activité. La DSI est organisée en 6 domaines fonctionnels et 4 fonctions d’appui.

 

5 Contexte et objectifs recherchés du Schéma Directeur SI des Fonctions Supports

5.1 Contexte

Marie Laure MICOUD a développé les points suivants :

La stratégie de densification de l’EP et les fortes attentes de la gouvernance

  • Sur l’amélioration du pilotage économique
  • Sur l’amélioration de la productivité des fonctions support

De 2010 à 2015, un investissement significatif dans les systèmes de gestion de base a été réalisé. En parallèle il y a eu un sous-investissement dans les autres SI, et notamment ceux du SGG (Juridique, immobilier. et Achats), ainsi qu’une accumulation de dettes techniques et fonctionnelles

L’analyse met en exergue la nécessité d’une accélération de la transformation numérique, le besoin d’un « environnement de travail numérique », la construction de la filière SI (PMSI) et l’opportunité d’une plus forte convergence EP / ICDC sur les SI Support.

5.2 Objectifs recherchés dans l’évolution des SI

L’amélioration de la performance économique (notamment des achats, des approvisionnements, des paiements et de la gestion immobilière et logistique, peu outillés)

L’amélioration du service aux collaborateurs, et la recherche d’une plus grande autonomie, via des approches « client interne », « plateforme de services », « self- service » et « guichet unique »

L’amélioration continue de la productivité, via la numérisation des processus et leur automatisation

La gestion en continu de la dette technique et la rationalisation du SI, notamment entre l’EP et ICDC

5.3 Vision stratégique

La stratégie définie oriente l’évolution des Systèmes d’Information des fonctions supports vers une plateforme de services. Cette plateforme cible 4 axes.

  • Une plateforme collaborateurs
  • Une plateforme grand public / open data
  • Une plateforme fournisseurs / partenaires
  • Une plateforme gestionnaire

 

6 Démarche d’élaboration du schéma directeur SI

La définition du schéma directeur SI est réalisée suivant une approche en 5 phases avec une attention particulière à la transformation numérique du métier et du SI de chaque fonction support.

L’équipe projet a travaillé conjointement avec la MOA dans la définition du SDSI afin de respecter les contraintes de délais liées au contexte de la CDC.

 

7 Analyse de l’existant

7.1 Aspects budgétaires

  • La répartition des dépenses 2016 est la suivante (xx millions d’euros)
RH Achat, CTRL de gestion, budget Immobiliers et environnement de travail Juridique Communication
xx% xx% xx% x% x%

7.2 Aspects fonctionnels

7.2.1 Fonction Ressources humaines (RH)

  • La part importante des dépenses RH est due en grande partie aux accords collectifs et conventions spécifiques CDC.
  • Le système de gestion du temps aura coûté ~xM€ sur la période 2015-2017
  • La part de transformation numérique est aujourd’hui modeste par rapport au budget total des projets RH : ~4%

7.2.2 Fonction Achat

  • La part des dépenses de la fonction achat est essentiellement due à 2 systèmes et à la fragmentation applicative de la gestion des achats (~10 applications) avec cependant une couverture partielle de la fonction

7.2.3 Gestion de l’immobilier

  • Un manque de visibilité sur l’ensemble du patrimoine applicatif
  • Trop de projets trop petits et pas de regroupements dans des programmes marquants
  • Des expérimentations digitales en cours pour améliorer les services à l’occupant mais dont la suite est peu instruite, plusieurs référentiels pour gérer les différents sites

7.2.4 Fonction juridique

  • Un projet (~xM€ sur 3 ans) en cours dont on ne tirera la pleine valeur qu’après la mise en place d’une GED3

7.2.5 Fonction communication

  • Le SI communication est majoritairement en mode SaaS, non intégré au SI CDC
  • Il est nécessaire d’améliorer les « analytics » sur les sites internet/intranet (au moins 4 outils différents à ce jour), le pilotage de la performance de la communication et certaines compétences

7.2.6 Constats transverses aux fonctions support

  • Beaucoup des projets de transformation numérique, orientés client, impacteront des « SI cœur » de plusieurs fonctions support
  • La gestion du cycle de vie des applications n’est pas standardisée
  • Beaucoup de progiciels sont fortement modifiés et adaptés aux spécificités CDC
  • Les budgets de maintenance évolutive en 2016 de plusieurs applications sont supérieurs aux budgets des projets

 

8 Construction de la cible du schéma directeur

La cible se présente comme un bouquet de services qui favorise l’orientation client des fonctions support. L’objectif est une simplification des interactions avec les collaborateurs, les gestionnaires, les prestataires et le grand public.
Le paysage technologique est segmenté en 3 familles de système pour s’aligner sur les besoins métiers et les opportunités technologiques

  • Les systèmes d’engagement
  • Les systèmes de pilotage
  • Les systèmes cœurs

Déclinaison des axes du Schéma Directeur

  • Réduire les dépenses sur le patrimoine applicatif existant en privilégiant les projets de transformation numérique
  • Appuyer la plateforme cible sur un portail multicanal alimenté par des systèmes cœurs, d’engagement et de pilotage
  • Automatiser / numériser les parcours des client transverses (ICDC devra mettre en place les éléments techniques de la plateforme numérique de la CDC)
  • Améliorer le pilotage de la performance (Mise en place des outils de pilotage de la performance des Fonctions Supports en s’appuyant sur le socle BigData / Analytics déjà mis en place par ICDC)
  • Implémenter les initiatives digitales du schéma directeur en s’appuyant sur des Centres d’Expertises (CdE) mutualisés et agiles

 

La soirée s’est conclue sur de nombreuses questions / réponses relatives à cette opération extrêmement importante et très complexe au plan culturel, pour le Groupe CDC


NB: Le compte-rendu intégral est réservé aux adhérents




Partenariat associatif Aurore + Club MOA au service de la maîtrise des projets stratégiques

La transformation numérique de la société et donc des entreprises constitue le thème générique qui sous-tend l’activité du Club MOA depuis plusieurs années.

Dans ce cadre, la capacité à maîtriser les projets qui sont les vecteurs de cette transformation constitue un axe d’intérêt naturel.

C’est de cet intérêt commun pour la maîtrise des projets stratégiques qu’est né l’idée de conduire certaines actions en synergie avec l’association Aurore.

L’association Aurore est spécialisée sur le thème de la maîtrise des projets stratégiques. Pour permettre à ses adhérents de progresser dans leur réflexion, l’association Aurore organise des rencontres tournées vers la confrontation entre les derniers travaux de recherche dans le domaine et les réalités « terrain » rencontrées par les adhérents.

Afin de faire vivre son approche, l’association organise également des réunion d’orientation de la recherche. Suite à la réunion du 29 juin, le partenariat de recherche Aurore a été repensé.

1 – Un partenariat orienté partage et expertise

Voir plaquette du programme qui permet de prendre connaissance dans le détail des points ci-après :

  • 3 rencontres de recherche pour participer, échanger avec les chercheurs et les pairs, et recueillir les fruits des travaux de recherche
  • 12 places pour les formations des cycles Les Essentiels de Daylight, maximum 3 inscrits / une session
  • 3 demi-journées ou journées thématiques de partage entre partenaires
  • 1 problématique du partenaire soumise à l’Académie Daylight (projet, programme, ou autre)
  • Accès à l’ensemble du corpus des rencontres de recherche et des outils expérimentaux développés depuis le lancement du programme de recherche en 2010 (présentation en pj)
  • 1 journée de présentation du patrimoine et d’échange autour des problématiques du partenaire pour les nouveaux entrants
  • 2 réunions de réflexion recherche/problématiques du partenaire
  • Information auprès de l’ensemble des partenaire des recherches spécifiques pour leur permettre d’y contribuer et de mutualiser

Programme conforme à l’article 14-3° de l’ordonnance n°2015-899 du 25 juillet 2015, ce qui permet de passer directement commande sans mise en concurrence.

2 – Devenir partenaire

4 rencontres de recherche et 3 cycles de formation pour le prix d’une saison !

Plusieurs avantages exceptionnels pour ceux qui rejoignent le partenariat de recherche avant le 1er septembre 2017 :

  • Injecter vos problématiques dans la programmation de la recherche 2017-2018
  • Bénéficier de trois cycles de formations au lieu de deux, avec 18 places au lieu de 12, et ce dès début septembre (cf. plaquette jointe)
  • Bénéficier d’une saison de recherche de 15 mois au lieu de 12, avec 4 rencontres de recherche au lieu de 3
  • Bénéficier de la dernière rencontre de recherche de la saison 2016-2017 sur l’indice de performance des PMO du 12 octobre 2017 (avec la possibilité d’intégrer le pool de partenaires qui approfondissent cette recherche pour leur propre besoin)

Cf. contrat type de partenariat.

3 – Participer à l’enquête sur l’indice de performance des PMO, soirée du 12 octobre

Nous vous proposons de participer à l’enquête qui accompagne la rencontre de recherche du 12 octobre sur l’indice de performance des PMO.

Cette rencontre reprendra nos précédents travaux et approfondira le modèle (lien objectifs assignés au PMO.E, sous-objectifs, bénéfices et indicateurs, relation avec les services déployés). Notre équipe de recherche souhaite recueillir des retours terrain pour tester le modèle : typologie des portefeuilles projets et programmes, typologie du portefeuille des managers des projets et programmes, éléments de capacité structurelle de l’entreprise à maîtriser les 3P, objectifs et missions du PMO.E, moyens qui y sont investis, mesures d’efficacité.

L’enquête se fera par téléphone et se déroulera en deux phases :

  • un entretien initial, sous forme de questionnaire anonyme, idéalement d’ici la mi- aout (prévoir une demi-heure)
  • un entretien qualitatif entre fin aout et le 15 septembre (compter une heure).

Le 12 octobre après midi, Dr Pierre Fayard, Thomas Crosson, Frédéric Naudé et Fadi El Gemayel exposeront les résultats des travaux de recherche (y compris l’enquête) aux partenaires de recherche au cours de la rencontre de recherche de 14h à 18h. Cette rencontre sera suivi d’un cocktail ouvert à la communauté des managers de PMO d’Entreprises pour donner un bref aperçu des résultats.

Les entreprises qui participent à l’enquête auront une synthèse des résultats et seront invitées à la soirée du 12 octobre (mais ne participeront à la rencontre de recherche que si elles sont partenaires).

 

Tous les documents cités dans cet articles se retrouvent dans l’archive via ce lien.




Prospective de la pratique à la théorie (épisode 2)

Illustration/montage de Michel Diament sur une méthode de réflexion prospectiviste Dans le prolongement de l’atelier du 30 juin, le Club MOA a organisé un dîner/débat animé par Riel Miller de l’UNESCO.

 

 




S’entraîner à penser le futur…

Le rôle de l’homme dans l’émergence des conditions de vie collective en 2050 – Repenser l’organisation humaine

Vaste programme pour le séminaire annuel du Club qui s’est déroulé le 30 juin et s’est poursuivi par un diner/débat le 3 juillet 2017…

Logo UNESCO

Le vendredi 30 juin, toute la journée, le club MOA a organisé un séminaire animé par Riel MILLER qui est directeur de la prospective à l’UNESCO, sur le thème général : “Osons penser le futur”. Des membres de l’UNESCO ont participé à ce séminaire et ont travaillé avec les membres du Club MOA. Le diner/débat du 3 juillet, également animé par Riel MILLER, en a été la conclusion.

Tout au long de ce travail, les participants ont été accompagnés par un graphiste (Michel DIAMENT) qui a transcrit sous forme de dessins les idées et les concepts évoqués et traités durant ces deux rencontres.

Les participants ont formé trois groupes qui ont travaillé séparément sur des thèmes identiques. Le déroulé de la journée a alterné les moments de travail en groupe et les moments de restitution en commun.

Il est difficile, voire impossible, de relater de façon synthétique la diversité des idées, des thématiques, des propos étudiés et commentés. Cependant, le texte ci-dessous reprend la démarche pilotée par Riel MILLER tout au long de la journée et suivie par les participants et permet de se faire une idée de la démarche proposée.

Journée du vendredi 30 Juin à l’UNESCO

Introduction

Les « Futures Literacy Laboratories (FLL) » réunissent des personnes qui vont se livrer, via une intelligence collective, à une création de connaissances en utilisant le futur. Cette approche permet aux participants d’analyser de différentes façons l’utilisation du futur pour comprendre le présent. Ces Laboratoires ne sont qu’une méthode pour décrire le monde, passé, présent ou futur.

Il y a beaucoup de façons de décrire le monde, de raconter des histoires, d’analyser les statistiques, d’examiner des photos et de construire des modèles de prévisions. Un FLL utilise une approche, qui amène un groupe à négocier et à partager un sens, une vision. Ce type de processus de création de connaissances, au moyen d’une intelligence collective, quelquefois appelé le « microscope du 21ème siècle » utilise la « courbe d’apprentissage », classique ou une approche via le cycle d’apprentissage. Les personnes transforment leurs connaissances tacites en propositions explicites, qui, quand elles sont partagées au sein d’un groupe fournissent une façon pratique de détecter et comprendre un thème particulier dans un contexte spécifique.

Le présent laboratoire s’intéresse au rôle des personnes dans l’émergence des conditions collectives relatives à l’organisation des sociétés humaines dans le monde.

Les processus déployés dans cet atelier tirent parti de la recherche récente et de l’expérimentation par, l’UNESCO, de la conception et l’exécution du processus de création de connaissances au moyen de l’intelligence collective en utilisant le futur.

Les objectifs de ce FLL sont :

  • Développer la capacité des participants à utiliser le futur en prenant en compte des systèmes d’anticipation et traiter ainsi la perspective obtenue, avec plus de précisions et d’aspects concrets.
  • Produire de nouvelles possibilités sur les attributs et le rôle des personnes dans l’apparition des conditions collectives d’existence.

Quelques indications sur le thème : Le rôle des individus dans l’émergence des “conditions collectives de vie” en 2050

Imaginer le futur exige des postulats, comme le soleil continuera à briller. Le problème avec la prospective est que les mots et les conditions qui existeront dans l’avenir sont par définition inconnus. Tout ce que nous pouvons faire est d’utiliser nos imaginations, évoquer des images, le tout sans certitude. Fondamentalement l’avenir existe seulement dans le présent comme l’anticipation.

Cela signifie que quand nous essayons d’imaginer le futur il est important de reconnaître que les hypothèses d’anticipation que nous faisons, comme

  • les monarques continueront à régner ou,
  • la démocratie représentative prédominera ou,
  • les entreprises « modernes » resteront la forme dominante d’organisation pour produire les biens,

peuvent ne pas être vraies et entraver ainsi nos imaginations.

Avec ce danger en tête le thème de ce FLL a été formulé pour éviter certaines contraintes liées à l’imagination des participants.

Le thème retenu est : le « management » ou les « systèmes de prise de décision », qui exercent le pouvoir dans les organisations comme les compagnies privées ou les entreprises publiques. Mais des termes tels que bureaucratie, administration, planification, direction et contrôle, sont tous spécifiques d’une période particulière de l’histoire humaine. Envisager demain, sur la base de ces mots, limite ce qui peut être imaginé.

Prenant un peu de recul, sur ces sujets particuliers constatons que les décisions prises ont modelé le monde d’aujourd’hui et également ce que dissimule les termes tels que « Management »

Le thème qui doit être au centre de notre « rêverie » d’intelligence collective dans ce Laboratoire est : comment les humains dans l’avenir, disons 2050, influencent consciemment le très large éventail de conditions collectives dans lesquelles nous vivons.

Le libre arbitre et le rôle critique de la capacité des gens à exercer leur liberté, au-dessus et au-delà des faits, aboutissent à une organisation de la société, c’est-à-dire notre capacité de percevoir et d’agir. Les conditions collectives se définissent également dans une perspective globale qui inclut non seulement ce que les personnes décident de transmettre selon certaines conditions et qui peuvent se répéter mais aussi la vaste gamme d’expériences et les contextes apparemment sans rapport de continuité et de discontinuité qui nous entourent, même si ils sont souvent invisibles.

Conçu de cette façon le thème général est d’imaginer comment la perception humaine consciente et l’action contribuent à une création continuelle – caractérisée par la répétition et la différence, l’habitude et la nouveauté – du présent. Une telle conscience et un choix peuvent ou ne peuvent pas être entravés par les formes d’organisation des nations, des gouvernements, des sociétés, des écoles, des hôpitaux, des familles, etc. La tâche dans cet atelier est de développer l’imaginable en se livrant à un processus structuré, point par point : Action de recherche / Action d’apprentissage. Le processus exploite l’intelligence collective des participants.

Le design du FLL

FLL est un processus de création de connaissances ouvert et collectif qui s’articule en trois phases :

Digital futur illustration

Dans la première phase on demande aux participants leurs prédictions et leurs espoirs concernant le futur rôle de l’’humanité dans l’apparition des conditions collectives de vie en 2050. Les prédictions concernent ce qui surviendra probablement selon le participant. – un instantané de ce que voit la personne comme le résultat le plus probable en 2050. Il ne faut pas s’inquiéter du processus qui a conduit à ce résultat, il faut se concentrer sur ce que sera la situation la plus probable en 2050. Les espoirs dépendent des valeurs de chacun. Par exemple préférera-t-on un avenir dans lequel le rôle de l’humanité ramène nos conditions collectives à un état précédent ou désire-t-on autre chose ? Le participant s’attachera à la franchise et à ce que cela implique pour la société dans laquelle nous vivons ?

Dans la deuxième phase on séparera les avenirs probables et désirables pour explorer des futurs discontinus – Les imaginations doivent se libérer des contraintes liées à la probabilité des résultats ou exprimer la version actuelle d’une utopie. Dans cette phase le participant utilise des outils de recomposition, des modèles imaginaires et des variables qui peuvent être utilisées pour décrire une approche fondamentalement différente des organisations humaines ou du rôle explicite des personnes dans la construction de la société. C’est la partie raide de la courbe d’apprentissage quand la personne et ses collègues, collaborant dans les groupes de travail d’imagination, sont conduits à utiliser une nouvelle palette de couleurs et de « pinceaux » pour réaliser un dessin détaillé des paradigmes des différents futurs.

Finalement, la troisième phase de cet atelier d’investigation du futur présente deux aspects :

1.Evaluer comment les hypothèses d’anticipation influencent notre compréhension du présent ou comment les images spécifiques de l’avenir influencent différents aspects significatifs ou invisibles du présent.

2.Améliorer la compréhension et la réalisation de qui se produit sur la terre, dans le monde entier, en ce qui concerne le rôle de l’humanité dans l’apparition de nos conditions collectives – Pouvons-nous réexaminer la façon dont nous comprenons l’organisation des sociétés ?

Quelques mots à propos de la complexité…

Avant de se lancer dans une discussion des termes spécifiques et des contextes de ce thème il est important de donner quelques informations complémentaires à propos de la complexité et du changement.

Si la discussion part d’un ensemble de paramètres pour comprendre la continuité et le changement, la conservation et la transformation, alors les attributs des structures sociales ou notre rôle dans l’émergence des conditions collectives sont circonscris par ces paramètres. En d’autres termes les modèles de changement sont déjà limités par la capacité du cadre initial à rechercher et comprendre l’inconnu – ou la nouveauté complexe.

“Je veux affirmer que presque toutes les questions sur lesquelles nous avons travaillé dans cette pièce sont des questions d’incertitude. Un résultat franchement simple de ne pas avoir assez de connaissance. Faire face à ce genre d’incertitude, nous amène à acquérir plus de connaissances et à convertir l’incertitude en risque, qui est ce que les êtres humains ont fait pendant une longue période. D’autres questions liées à l’incertitude, cependant, émanent des aspects non-ergodique des systèmes sur lesquels nous nous sommes penchés. C’est-à-dire, les systèmes auxquels nous nous intéressons résident dans un monde de changement continu, dans beaucoup de dimensions — pas seulement du point de vue du changement physique, mais aussi dans la structure sociale et le comportement des personnes. En outre, pour rendre nos vies encore plus difficiles, toute la théorie construite en ‘économie, au moins toute la théorie qui est bien développée, est une théorie statique. Si on regarde la théorie néoclassique des prix ou ses dérivés, on s’aperçoit que l’ensemble concerne des théories statiques. Cependant, toutes les questions importantes auxquelles nous nous intéressons ici concernent un monde dynamique, dans lequel le changement est continu.”

Douglass C. North2, “Dealing with a Non-Ergodic World: Institutional Economics, Property Rights, and the Global Environment”, Duke Environmental Law & Policy Forum, Number 1, Volume X, 1999

Au début de cet atelier il est important de souligner la difficulté d’intégrer la complexité qui évolue en permanence, (pleine de différences et de répétitions), dans la réflexion. Comme le montre Douglas C. NORTH, notre tendance est à la réflexion fermée, basée sur la supposition que le monde est ergodique et statique.

Cela pose le défi suivant : Comment comprendre, détecter et pressentir les organisations humaines dans un monde non-ergodique et dynamique.

C’est pourquoi une des premières étapes dans la mise en œuvre de cet atelier est, au risque d’entraver l’observation d’attirer l’attention sur :

  • a) l’extrapolation (utiliser le passé pour prédire l’avenir),
  • b) la planification pour un “bon” avenir et/ou éviter “de mauvais” avenirs (accent mis sur la colonisation de demain)
  • c) une fixation de ce qu’il faut « casser » pour préserver et/ou améliorer des systèmes existants (la réforme endogène).

Le problème n’est pas l’utilité intrinsèque ou le mérite de chacun de ces modes naturels à développer la capacité humaine à utiliser consciemment le futur pour voir et faire dans le présent. Le problème apparaît parce que ces façons d’utiliser l’avenir rendent plus difficile la découverte et l’invention du non-ergodique. En d’autres termes il est essentiel d’élargir les voies dans notre vision du futur pour intégrer la complexité dans nos perceptions et nos choix.

[…]

A l’issue de cette journée de travail en commun, l’ensemble des participants s’est montré enthousiaste. Cette approche de la prospective, très inhabituelle, qui oblige à un effort d’imagination et de réflexion important a été très appréciée. Certains membres du CLUB ont d’ailleurs utilisé rapidement des termes et des approches indiqués par Riel MILLER lors de réunions internes à leur entreprise.

Diner du 3 juillet 2017

Après être revenu rapidement sur la journée du séminaire Riel MILLER a présenté les aspects plus méthodologiques de la démarche.

Introduction

En introduction de son propose, Riel MILLER cite Gaston BERGER, « Le but de l’avenir est de perturber le présent ». Cette courte phrase résume à elle seule l’idée force de la démarche de Riel MILLER. Notre idée du futur cache notre réalité. Pour rendre compte de cela il faut étudier la façon dont nous construisons le futur.

L’idée qu’on ne peut pas connaître le futur est claire, et pourtant des personnes cherchent encore à le prédire, mais en réalité personne ne sait ce que l’avenir réserve. On ne connaît pas le futur, on ne peut que l’anticiper.
Le concept de base est l’utilisation du futur. Utilisons ce que l’on dit au sujet de l’avenir dans le but de refaçonner ce que l’on dit dans le présent.

« Transformer le futur » a pour but d’illustrer le fait que nous changeons la façon dont nous pensons le futur et que cela changera la construction même de ce futur.

En quelques slides il balaie les 3 derniers siècles montrant les successions des « âges d’or » et des récessions sans que les hommes et les sociétés ne puissent les prévoir, voire les comprendre.
Exemple : Après 1780, la population de la Grande-Bretagne a presque triplé. Le revenu moyen de la population a plus que doublé, la part de l’agriculture est tombée d’un peu moins de la moitié à un peu moins d’un cinquième de la production de la nation et la fabrication de textiles et de fer s’est déplacée vers des usines dont la force motrice est la vapeur. Les événements étaient tellement étranges qu’ils étaient totalement imprévisibles, et pendant qu’ils survenaient, ils n’étaient pas compris

LIS (Learning Intensive Society)

Riel MILLER aborde ensuite l’idée de LIS (Learning Intensive Society) : La société d’apprentissage intensif.

Le changement sociétal implique un changement de composition dans le poids des différentes sources de création de richesse. L’intensité moyenne d’apprentissage au cours de l’activité quotidienne, à l’échelon de la société représente une des sources de création de richesse. La question qui vient alors naturellement est : « Qu’est-ce qu’une société plus intensive en apprentissage ? ».

Riel MILLER définit ainsi cette société :
La vie est plus intense si, dans la vie quotidienne, on apprend:

  • Plus de savoir-faire,
  • A mieux connaître les personnes,
  • Plus de connaissances,
  • Pourquoi on fait les choses.

Plusieurs courbes et graphiques sont alors présentés replaçant ces préceptes dans un cadre historique. Il déplace ensuite cette idée sur le plan de l’économie et de la production, avec cette conclusion : les transformations économiques systémiques changent ce que nous produisons et comment nous le produisons

Murmuration

(Note : la traduction littérale de ce mot est « chuchotement ». Riel MILLER utilise cette métaphore pour décrire des flux de création imprévisibles, inorganisés et parfois très denses.)

Riel MILLER développe ensuite une autre idée : qu’il exprime ainsi : « Les nuages de création de valeur transforment les fondements organisationnels »

Il prend pour image les nuages d’étourneaux en vol qui se déforment sans loi précise ou évidente. « Imaginez des nuages de flux de création unique, de collaboration et d’expérience locale et globale par des communautés dynamiques multiples et sans hiérarchie ». Il utilise le terme de « Murmuration » pour nommer cette approche, avec cette idée sous-jacente « Quelle identité, pour chacun lorsque nous avons la capacité d’être libre ?»

L’évolution d’une société industrielle vers une société d’apprentissage intensif engendre de nombreuses questions liées à la richesse, la gouvernance, le capital physique et humain, le droit de propriété, la qualité de vie, les valeurs partagées telles que la confiance dans les transactions, etc.

Le changement systémique

C’est le changement dans les conditions de changement. Il déterminer les hypothèses d’anticipation. L’élargissement du nombre de diplômés universitaires n’augmente pas la richesse ni n’entraîne un avantage compétitif

  • A. La source prépondérante de richesse n’est plus industrielle (tangible ou intangible).
  • B. La principale source de productivité est l’apprentissage par la pratique, c’est-à-dire une expérience qui permet de mieux se connaître
  • C. La création unique est locale, les idées sont globales et les biens tangibles sont bon marché

Il faut donc utiliser une vision du futur pour réfléchir aux changements systémiques et réformer ou modifier sa propre stratégie par rapport aux systèmes existants.

Réflexions sur le futur

futures literacy laboratory

Trois façons d’aborder la question.

  • A. La perspective des systèmes futurs distingue différents types d’avenir. C’est une anticipation des systèmes et des processus qui s’exprime de façon consciente ou inconsciente par des feedback et des conjectures.
  • B. Trois types distincts d’avenir et les différentes méthodes qui sont liées à chacun: contingenté, optimisé, romancé.
  • C. Les FLL (Futures literacy laboratories) : C’est un processus d’apprentissage par l’action qui utilise l’intelligence collective pour découvrir et inventer des connaissances spécifiques – C’est un processus de « recherche-action » pour la découverte, le recadrage et l’interrogation des hypothèses formulées au sujet de l’avenir.
    Création de connaissances rigoureuses: La méthode scientifique appliquée à l’unicité de l’avenir dans le présent s’appuyant sur la capacité narrative des personnes, l’intelligence collective du groupe et la capacité à recadrer les hypothèses.
    Riel MILLER indique que les inventions, les évolutions, l’imagination peuvent faire sens que longtemps après leur découverte. Il prend l’exemple du microscope À la fin du 17ème siècle, Anton van Leeuwenhoek a découvert des bactéries.
    Les microscopes qu’il a inventés ont révélé des mondes invisibles. Mais il a fallu deux siècles pour donner un sens à cette découverte.

Conclusion

La démarche proposée par Riel MILLER cherche à aider les personnes dans leur appréhension du futur : Distinguer la recherche et le choix, la continuité et la discontinuité

Le schéma ci-après éclaire parfaitement la problématique.

[…]

Le problème avec le futur

La réflexion sur le futur renforce la peur liée à l’incertitude. Cette réflexion est souvent entachée de préjugés associés au chemin de réflexion utilisé. D’autres concepts viennent « perturber » la sérénité de la réflexion tels que le « fétichisme de l’immortalité » ou la préoccupation de l’amélioration continue des systèmes existants (réforme !). Ajoutons que la temporalité du changement est également en cause : recherche d’une permission de ne pas prévoir et d’une grande difficulté à libérer l’imagination

Pourquoi?

Les méthodes de prospective sont principalement limitées à une seule vision de la façon d’utiliser l’avenir – pour la préparation et la planification – c’est une réflexion fermée.

Il n’y a que rarement la possibilité offerte d’imaginer d’autres conceptions de l’avenir.

La réflexion prospective classique perpétue l’influence du passé sur le présent pour ne pas échapper à des mentalités qui ont généré, et qui génèrent encore, une pensée hégémonique dans tous les domaines.

Comment poursuivre la réflexion à la recherche d’un meilleur avenir pour les sociétés humaines ? : « Marcher sur deux jambes »

1 – Eviter ou abandonner

Ce que nous nous préparons (contrats à terme éventuels).

Ce que nous essayons de créer (planifier).

2 – Accompagner et adopter

Ce que nous découvrons, révélant ce que nous ne savions pas.

Ce que nous connaissons (création de nouveaux sens).
Inventer « l’inconnaissable »

Riel MILLER engage les membres à acquérir une capacité à distinguer la recherche du choix et à être plus ouverts à la réflexion sur le futur.

La soirée s’est conclue par la présentation des illustrations réalisées et commentées par Michel DIAMENT, tout au long de ces deux rencontres.


NB: Le compte-rendu intégral est réservé aux adhérents




J-365 avant application du RGPD: règlement général sur la protection des données

Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016 relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données, et abrogeant la directive 95/46/CE (règlement général sur la protection des données).

I- Présentation générale du RGPD

Le RGPD renforce les droits reconnus à la personne s’agissant des données collectées.

Chacun dispose désormais d’un droit étendu et facilité à accéder aux données à caractère personnel qui la concernent et le texte réaffirme les principes essentiels de la protection de la vie privée :

  • Restriction d’utilisation
  • Minimisation des données
  • Précision
  • Limitation du stockage
  • Intégrité
  • Confidentialité.

 

II- Principales mesures du RGPD

  1. Consentement clair et explicite à la collecte des données
  2. Réalisation d’une analyse d’impact avant la mise en place d’un traitement de données
  3. Accès facilité de la personne à ses données
  4. Notification des violations de données personnelles
  5. Création et la maintenance d’un registre des traitements devient obligatoire
  6. Création des délégués à la protection des données (Data Protection Officer)
  7. Transfert des données est soumis à vérification et peut être demandé par la personne elle-même
  8. Restriction du profilage automatisé servant de base à une décision
  9. Recours et aggravation considérable des sanctions

 

Vous avez jusqu’au 25 mai 2018 pour vous mettre en conformité !

 

Sources:

Téléchargements:




Usine.io : réveillez la startup qui est en vous !

Prototype first, iterate fast

Lundi 15 mai 2017, les membres du Club MOA se sont retrouvés dans les locaux d’usine.io, lieu de 1500 m² situé dans le 13e arrondissement de Paris, ouvert depuis le 1er octobre 2014.

Nous sommes accueillis par Roxane GARAGNANI et Gary CIGE, l’un des trois co-fondateurs d’Usine IO,

Gary est passé par la Solvay Business School, en Belgique. En 2007, il fonde Zilok, une plateforme de location et sa petite sœur Zilok Auto, devenue aujourd’hui OuiCar.

Cinq and plus tard, il arrive chez Criteo et prend la tête du programme d’accélération, puis devient entrepreneur en résidence au Camping, le premier accélérateur du Numa.

Après un court passage à la Commission européenne, il s’associe avec Agathe et Benjamin. Ensemble, ils démarrent l’aventure Usine IO en 2013.

source: http://www.welcometothejungle.co/companies/usine-io/team

La mission portée par Usine IO apparaît originale. Usine IO n’est pas vraiment un fablab, ni un techshop, ni un bureau d’étude, ni un cabinet de conseil, ni un incubateur… mais un peu tout cela à la fois.

La définition qui convient le mieux à Usine IO, c’est peut-être « accélérateur de projets hardware« .

Pour remplir cette mission, l’équipe d’ Usine IO apporte quatre services principaux:

  1. Experts in situ à disposition des « locataires » de l’espace
  2. Master class, office hour, conférence permettent de nourrir les projets
  3. Méthodologie projet:
    • minimum de temps
    • maximum de valeur
    • revue mensuelle avec check list
  4. Réseau d’industriels d’environ 750 acteurs spécialisés

L’équipe d’Usine IO accompagne environ 350 projets par an, sur une durée moyenne de 6 mois.

Si 70% des entreprises qui fréquentent ce lieu sont des startups, avec 20% de corporate les grands groupes représentent une part croissante.

 

Facilitateurs graphiques, des alliés devenus indispensables

Dans un monde qui change de plus en plus vite et où le numérique prend de plus en plus de place, il n’a jamais été aussi important de remettre de l’humain dans les échanges.

En complément des documents de doctrine, plans stratégiques, diagrammes de gantt, schémas d’architectures, matrices de priorisation, présentations de diapositives… l’illustration apparaît comme un puissant outil pour communiquer et conserver à l’esprit une représentation subjective et synthétique d’un échange d’idées.

 

Philippe Élie Kassabi et Michel Diament maîtrisent parfaitement cet art. Le Club se réjouit déjà des futures collaborations qui suivront cette rencontre car, dans un monde de méthode et de rationalité, leur talent est particulièrement précieux !

La facilitation graphique est une pratique qui utilise les médias graphiques pour favoriser les échanges et les réflexions au sein d’un groupe afin de lui permettre de construire une vision commune. Elle sert, alimente et accompagne un processus de collaboration. (source : FGCP)

Illustration réalisée par le sfacilitaeurs graphiques Philippe Elie Kassabi et Michel DiamentRonan LE SERGENT (Fonds de Garantie) a présenté les problématiques d’actualité de son entreprise, structure spécifique qui assure une couverture en dehors du champ classique des assurances. La fonction spécifique du Fonds de Garantie nécessite une expertise juridique de haut niveau et se traduit par des flux d’informations massifs, aussi bien en termes de suivi administratif que financier. Les contextes d’intervention (accidents, catastrophes naturelles…) nécessitent l’appui de nombreux experts (psychologues, médecins…) imposant de travailler avec une grande diversité d’acteurs, ce qui contribue à complexifier le système d’information et la capacité à développer de nouveaux services numériques.

Certains échanges devant rester confidentiels, ils ne sont pas repris dans cette synthèse.


La soirée en image…

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La multitude au coeur de la politique d’aménagement du territoire

Le 21 avril 2017, au 1er tour de l’élection présidentielle, le parti du Front National est arrivé en tête dans 19.000 communes françaises.

Un vote de protestation ? Il semblerait que non…

Bien que le journal La croix nous rappelle dans un article du 27 avril 2017 (Pourquoi le Front national ne mobilise plus contre lui) qu’en 2002, lorsqu’il avait créé la surprise en se qualifiant pour le 2e tour de l’élection présidentielle, « Jean-Marie Le Pen se complaisait dans son rôle de tribun protestataire », la position du parti auquel appartient Marine Le Pen a sensiblement évolué et ambitionne désormais l’exercice du pouvoir.

La légende ou réalité du vote contestataire a laissé place à une autre analyse : celle du vote d’adhésion. Comme l’indiquent plusieurs articles, désormais, il semble acquis que « le vote FN n’est plus seulement un vote protestataire, [mais] aussi un vote d’adhésion » (Marion Joseph dans Le Figaro du 24/03/2014, Julien Licourt dans Le Figaro du 08/12/2015).

Pour la présidente du parti, Marine Le Pen, le « vote d’adhésion » s’explique facilement : « Ils veulent la révolution de la proximité, davantage de régulation. Ils veulent éviter la loi de la jungle […] ». Extrait d’un article publié le 28 avril 2017 par le journaliste Jacques Paté sur le site de France 3 : « Présidentielle 2017 – Marine Le Pen à Nice veut lancer la révolution de la proximité« .

Le 24 avril 2017, dans un article publié sur le site de France culture (Exode urbain et inégalités : les cartes du vote FN), le journaliste Hérvé Le Bras livrait dans son analyse une corrélation entre les inégalités territoriales et la proportion du vote au profit du front national. Cet article est corroboré par une analyse de Jean-Marie Pottier, sur slate.fr, dans laquelle il met en évidence que « plus on s’éloigne du cœur des aires urbaines, plus on vote FN« .

 

Dès lors, l’aménagement du territoire représente un enjeu de première importance.

C’est pourquoi, la capacité de l’Etat sinon à assurer l’égalité parfaite, du moins à rechercher l’équité basée sur une politique de transparence et de fédération des bonnes volontés locales apparait comme la meilleure voie pour réduire cette gangrène de la ruralité qui cristallise la désespérance d’une population qui se sent oubliée.

Pour mémoire, le club des maîtres d’ouvrage est un think tank apolitique, son principal objet d’intérêt est la transformation numérique qui s’opère sous nos yeux, touchant la société tout entière et en particulier les entreprises dans lesquelles les adhérents s’investissent.

Pour le Club, il ne s’agit donc pas de mettre à l’index tel ou tel candidat. Il s’agit de s’intéresser aux solutions évoquées lors de nos rencontres : diner/débat, conférence et autres manifestations… pour pointer celles qui sont en lien avec le développement du numérique comme vecteur de progrès pour nos organisations ou la société.

La veille actualité que nous menons régulièrement afin de pouvoir en faire profiter nos adhérents m’a amené à prendre connaissance d’une lettre ouverte aux deux finalistes de la Présidentielle de 2017, dans laquelle des pistes sont proposées pour améliorer les politiques d’aménagement du territoire.

Plusieurs d’entre elles peuvent prendre appui sur des outils numériques et notamment le principe de la multitude que nous évoquons si souvent au sein du Club. C’est justement le cas de la proposition n°9 reprise ci-dessous :

La France numérique n’est-elle pas l’occasion de réduire la fracture entre les grandes métropoles et le reste du territoire ? Peut-elle être le support de concertation citoyenne, d’une force locale au service de son économie territoriale ?

Le numérique est un média qui peut être vertueux et qui peut organiser des circuits courts entre une demande, un besoin et ceux qui peuvent y répondre. Chacun est équipé d’un téléphone portable aux applications multiples, ces dernières répondent à des besoins personnels, il faut, à notre sens, organiser des applications institutionnalisées et territorialisées. Le numérique peut-il être source de décentralisation et de démocratie ?

 

En 2013 déjà, la Cour des comptes publiait un rapport sur l’organisation territoriale de l’Etat, pointant des défauts de cohérence, de gouvernance et une ressource humaine mal adaptée…

Restreint au périmètre de l’Etat décentralisé, c’est-à-dire sans tenir compte de la réalité des collectivités territoriales, le rapport exposait déjà des pistes de progrès dans le domaine des systèmes d’information :

Accélérer le développement homogène des systèmes d’information et renforcer
l’e-administration

  • donner au secrétariat général du gouvernement (DISIC, aujourd’hui DINSIC) les moyens d’exercer son rôle de pilotage en matière de systèmes d’information, visant à favoriser leur interopérabilité ;

  • substituer aux démarches multiservices le système des plateformes internet, partagées ou partenariales, pour améliorer et simplifier les services aux usagers ;

  • développer toutes les formes de communication numérique comme nouveau moyen de proximité et de simplification des échanges (toutes les attestations administratives).

 

A l’évidence, le traitement de cette question comporte de nombreuses dimensions, dont l’épineux aspect organisationnel puisque le millefeuille territorial complexifie considérablement la cohérence de l’action et sa gouvernance. Il est cependant permis de penser que des solutions puissent émerger en associant davantage la société civile qui exprime ponctuellement son mécontentement dans les urnes.

L’avènement du digital est un fait dont il faut s’emparer pour créer des opportunités et notamment fluidifier les relations avec l’ambition du multicanal et du crosscanal.

Pour répondre aux enjeux de mutation de la société, le numérique ne doit plus être considéré comme un terme nouveau pour désigner l’informatique du passé. Il ne s’agit plus de scanner des documents pour les injecter dans un outil de gestion électronique de document (GED), démarche qui avait pour seule ambition d’informatiser des processus existants. Il s’agit d’un changement de paradigme. L’opendata, l’opensource, les réseaux sociaux… permettent à chacun d’être contributeur, d’apporter sa valeur pour que la société de demain soit davantage la sienne. A tous les étages d’une organisation publique ou privée, cette inclusion doit désormais être envisagée comme un postulat. Progressons vers l’openrepublic !